Je me réjouis quand vient l’hiver, car je peux enfin marcher pieds nus dans la neige. Une pratique incongrue pour la plupart, mais qui offrent aux braves bien des avantages, et pas seulement physiologiques.
Valoriser son environnement, naturel et climatique, tombe sous le sens. L’islandais se coule allègrement dans ses eaux thermales, le suisse défie la montagne, le costaricain savoure ses noix de coco… Et dans le Nord, quoique l’hiver apporte son lot de contraintes, la saison potentialise aussi des plaisirs uniques. Or, on reste généralement ambivalent, voire antipathique, envers ce qu’on considère comme une saison rude, irréconciliable avec un mode de vie alors maintenu dans la chaleur artificielle de nos habitacles. Pourtant la réconciliation avec le froid saisonnier est un puissant vecteur de bonheur. Par exemple, l’acte simplissime de marcher pieds nus dans la neige est une pratique qui s’avère incomparable si on veut amadouer la «bête». Par sa facilité d’exécution, le peu de temps et de ressources qu’on lui accorde, marcher pieds nus dans la neige nourrit en profondeur notre lien à l’hiver, car c’est alors une relation franche, une familiarité sans équivoque. Un choix du coeur!
Parmi les nombreux avantages de cette pratique, soulignons d’emblée l’ancrage à la terre qui pieds nus permet de décharger l’électricité statique accumulée dans le corps, surtout lors d'une saison où généralement 90% de notre temps est passé à l’intérieur, de plus entouré d’équipement électriques et électroniques à charge positive, c’est-à-dire à terme débilitant pour le vivant. Saviez-vous que la plante des pieds présente une formidable concentration de circuits nerveux de l’ordre de 200,000 terminaisons pour chaque pied? C’est dire l’effet stimulant qu’un contact contrôlé avec le froid génère par ces influx entraînant, notamment, la mise en circulation de ce qu’on appelle communément les «hormones du bonheur», les endorphines. Bien sûr, les circulations fonctionnelles sanguine et lymphatique sont stimulées par une exposition maitrisée au froid apportant aux cellules un afflux de «nourriture» qui dynamise tout l’organisme. Quant au système immunitaire, il bénéficie aussi de cette rencontre avec le froid engendrant progressivement une fortification de ses défenses naturelles. Parallèlement, le mental profite par l’esprit-guerrier même qui sous-tend ce type de «déplacement» inabituel. Ainsi, paradoxalement, l’élan victorieux qui subordonne la pratique se métamorphose in situ en une douce contemplation des lieux. Et tandis qu’on s’étonne de l’incongruité de la chose, le mental se retire de l’équation, si on peut dire. En même temps, à l’instant, on se prend à vibrer intensément les secondes, voire les minutes de cette formidable expérience à cru. De retour à l’intérieur, c’est une excitation tranquille qui s’installe en soi. Et le désir de recommencer...
Préparation et pratique
Tout comme les adeptes de la douche froide ou la douche alternée, il est essentiel de se préparer à rencontrer le froid. L’ultime condition est toujours d’avoir chaud. Peu importe la façon dont on y arrive, que ce soit métabolique via des exercices corporels toniques et respiratoires ou alors induit à travers une exposition externe à la chaleur (sauna, bain, douche). Enfin, il convient de s’habiller chaudement. On verra à bien couvrir la tête et assurer au corps une protection adéquate. Pour ma part, je me suis fait confectionner un long kimono avec un lourd serge de laine que j’adore utiliser à cette occasion, ce qui me permet en outre de glisser mes bras dans les amples manches; je met mon couvre-chef le plus chaud et entoure mon cou d’un foulard. Le seul contact avec le froid, doit être la plante des pieds!
C’est généralement le matin immédiatement au sortir de ma douche, terminée à l’eau froide, que je pratique la marche pieds nus dans la neige, alors qu'une douce chaleur habite toujours les tissus profonds. Entre la distance de la douche et l’extérieur, je porte aux pieds ce qu’on appelle au Québec des gougounes, ou des tapettes ;) Ainsi, je préserve ma chaleur jusqu’à la sortie extérieure évitant une déperdition via les extrémités corporelles, ici les pieds nus. Mes premiers pas dans la neige sont extatiques. Je les compte. En début d’hiver, je les limite à quelques pas. Une vingtaine, puis une trentaine. Au fil des jours, j’augmente progressivement jusqu’à 120 pas et plus selon la météo et mon humeur.
Il est conseillé de ne pas déambuler ainsi plus de 3 minutes. Pratiquer près de la maison est prudent. Au besoin, si votre espace de déambulation est restreint allez-y en aller-retour ou en cercle. Une terrasse, un balcon, en escalier. C’est tout bon. Marcher, bouger, mais pas de station debout fixe dans la neige. Il ne convient pas non plus de courir pour éviter les chutes et pour la même raison sur la chaussée glacée. Entretenez votre parcours de marche afin que la neige n’excède pas la hauteur de vos chevilles ce qui refroidirait trop rapidement le corps et limiterait dans le temps votre expérience. Veillez à choisir un parcours non accidenté. Bref du plat, du facile. L’objectif est un contact tranquille et heureux avec la neige, une relation amoureuse avec l'expérience. Grâce à cette pratique, vous apprécierez bientôt sous vos pieds différentes conformations de cristaux de neige selon la température ambiante. Vous sentirez davantage dans vos narines l’air densifié de l’hiver. Toute l'attention est définitivement porté vers les sensations du corps: au contraste chaleur/froid, aux crissements ténus du pied dans la neige… Le mental se tait. Bientôt, l’euphorie de l’improbable va vous envahir en même temps qu’un bonheur... volontaire: Je marche pieds nus dans la neige et c’est merveilleux!
En ce qui concerne mon approche en marche afghane, je préconise une marche lente avec un rythme moyen, par exemple 3.0/3.0 ou 4.0/4.0. C’est vous qui décidez. La respiration nasale est clairement indiquée ici, car elle maintient au mieux la chaleur corporelle. Voilà, n’hésitez plus à vous lancer. L'aventure est de l'autre côté de la porte!
Important
En cas de fragilité cardiaque ou problèmes inflammatoires, vérifiez avec votre thérapeute les enjeux de la pratique. Soyez prudent, mais confiant.
INTÉRESSÉ(E) ?
Si vous êtes intéressé à participer à une rencontre Zoom sur le sujet, faites-le savoir dans le commentaire plus bas. Minimum 10 personnes ;)
Sylvie Alice Royer est la fondatrice de MAQ. Elle forme des instructeurs et enseigne la marche afghane dans le cadre de coaching et de groupes privés. Elle offre en début de saison estivale un atelier de marche afgnane respectivement à Québec et Montréal. Calendrier
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